Dans un article paru en 2017, l’historien Robert Brenner souligne que la gauche semble paralysée par une double impasse. D’une part, on observe des mouve- ments sociaux qui, en aspirant à une autonomie complète par rapport aux institu- tions établies, se condamnent trop souvent à l’isolement politique. D’autre part, nous avons des partis politiques progressistes qui, à défaut d’être soutenus par des actions directes de masse, peinent à appliquer leur programme de réformes, aussi modeste soit-il2. Ce qui se profile derrière l’analyse de Brenner est la question des organisations et mouvements les plus aptes à transformer les institutions, avec les conditions poli- tiques et économiques qui permettent à ces mêmes organisations et mouvements de gagner plus ou moins aisément en force.